Cette nouvelle édition des Considérations peut, d’un certain point de vue, revendiquer le statut d’ouvrage inédit. Les contemporains de Madame de Staël n’ont connu en effet qu’une édition posthume, parue en 1818, par les soins de son fils. Celle que nous publions est tirée du seul manuscrit qui nous soit parvenu, débarrassé de toutes les interférences allographes : rajouts, suppressions, déplacements et autres manipulations. Les différences sont significatives, ne fut-ce que par le fait que l’édition de 1818 conjugue deux intentions, celle de l’auteur et celle de l’éditeur, intentions qui se ressentent d’une qualité et d’un contexte d’écriture divers.
L’intérêt de cette nouvelle édition consiste à montrer ce que les Considérations étaient au moment où Madame de Staël a cessé d’y travailler en faisant la part de ce qui lui revient et de ce qu’on lui a fait dire. Toutefois, cette édition n’aurait pas eu lieu d’être si l’on n’avait pas essayé d’en montrer sa spécificité par rapport à la publication connue. La volonté de remonter au manuscrit, nous a confronté à un texte jusqu’ici inconnu, conforme à l’édition posthume sur le plan des idées politiques, mais loin d’en être la transcription littérale. Le pacte de fidélité absolue au texte énoncé par Auguste de Staël et Victor de Broglie, qui inaugure la première édition apparaît donc démenti. Si les principes demeurent, l’écriture est transformée. On y perd surtout le caractère de considérations inscrit dans le titre, avec ses transitions parfois surprenantes d’un sujet à l’autre, ses pensées vagabondes soudainement ravivées par un souvenir impromptu, qui constitue sa caractéristique originale et exclusive et dont l’édition posthume n’a pas suffisamment tenu compte. Les Considérations ont un statut tout particulier et indéfinissable réunissant le récit de la vie publique de Necker, les mémoires de Madame de Staël et l’histoire de la Révolution française. Le chapitre final s’achève sur les institutions anglaises qui soudent idéalement le rôle politique de Necker et de Madame de Staël à une réflexion plus générale de politique constitutionnelle, peut-être est-ce là son essai le plus complet et le plus réussi dans le domaine de la pensée libérale.
Lucia Omacini a été professeur ordinaire à la Faculté des Langues et Littératures Étrangères à l’Université Ca’Foscari de Venise. Spécialiste de littérature française au tournant des Lumières, elle a essentiellement travaillé sur Jean-Jacques Rousseau, Madame de Staël, Benjamin Constant, Madame de Charrière et Chateaubriand. Elle est en outre spécialiste de l’épistolarité (Le roman épistolaire français au tournant des Lumières), de l’écriture fragmentaire (Théorie et pratique du fragment) et de génétique textuelle.
Stefania Tesser est diplômée en littérature française des Universités de Ca’Foscari de Venise et de Stendhal de Grenoble. Elle est spécialiste de Madame de Staël, a tenu des séminaires sur les Considérations et rédigé un certain nombre d’études critiques. Ses intérêts portent également sur la génétique textuelle et la codicologie.
Date de disponibilité :
Collection | TOURNANT DES LUMIERES |
Format | 15,5 X 23,5 CM |
No dans la collection | 0007 |
Nombre de volume | 2 |
Nombre de pages | 1242 |
Type de reliure | BROCHÉ |
Date de publication | 29/05/2017 |
Lieu d'édition | PARIS |
Indic. sur auteur original | STAEL (MADAME DE) |
EAN13 | 9782745347442 |
eEAN13 | 9782745347459 |