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PAUL CLAUDEL, DU MATERIALISME AU LYRISME
"Comme une oie qui clabaude au milieu des cygnes"
ALEXANDRE DIDIER
Dans sa longue diachronie, malgré sa diversité générique, puisqu'elle est faite de drames, d'essais, de poèmes lyrique et/ou épiques, de commentaires dont les sujets sont multiples, œuvres littéraires, ou picturales, ou sculpturales, ou musicales, objets ou expériences réels (corps humain, voyages, paysages, …), textes bibliques, l'œuvre claudélienne, distribuée autour de l'Art poétique (1900-1905) considéré comme le texte séminal, fondateur d'une écriture et d'une pratique de la lecture, possède une profonde unité. Cinq notions dominent la pensée claudélienne, Dieu, la différence, le manque, le dehors, l'invention de soi. Originellement puisées dans la Physique et la Métaphysique d'Aristote, et dans la Somme théologique de Thomas d'Aquin, confrontées aux philosophies matérialistes de la fin du XIXe siècle et aux poétiques qu'elles inspirent, ces cinq notions s'accomplissent dans une pensée de la matière, une physique du mouvement, une poétique (Art poétique), une écriture poétique (Cinq Grandes Odes), tendue entre deux tonalités, l'épique et le lyrique, et une écriture exégétique (Le Poëte et la Bible).