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ANTOINE VINCENT ARNAULT (1766-1834)
Un homme de lettres entre classicisme et romantisme
TROUSSON RAYMOND
Antoine-Vincent Arnault a connu jusqu'au milieu du XIXe siècle une enviable notoriété. Dès 1791, à vingt cinq ans, il est l'auteur acclamé de Marius à Minturnes, l'une des tragédies les plus réputées de l'époque révolutionnaire. Compagnon de Bonaparte à l'armée d'Italie, un moment chargé par le général de l'organisation du gouvernement des îles Ioniennes, familier de tous les auteurs, acteurs, musiciens de son temps, ami intime de Méhul et de Talma, qui interprétera la plupart de ses pièces, fonctionnaire de l'Empire, rallié à Napoléon pendant les Cent-Jours, exilé par Louis XVIII, responsable de ce Germanicus qui, en 1817, provoque un affrontement violent entre royalistes et bonapartistes, il est aussi le " Juvénal fabuliste " salué par Eugène Scribe qui lui succéda à l'Académie et l'auteur des Souvenirs d'un sexagénaire admirés de Sainte Beuve. Arnault fait partie des littérateurs d'entre-deux longtemps négligés par l'histoire littéraire. Cet adversaire acharné du romantisme a connu pourtant, dans Don Pèdre, Oscar, Les Vénitiens ou Le Proscrit, un penchant pour Shakespeare, réprimé lorsqu'il en perçoit la néfaste influence sur la tradition française, un autre pour le drame et le mélodrame - à condition qu'ils ne se substituent pas à la tragédie, forme suprême , ici et là le pressentiment fugitif que la législation du génie pourrait bien remplacer un jour le code des règles établies. Il n'était pas inutile de retracer avec quelque détail la longue carrière d'un homme qui représente une transition entre deux siècles, deux esthétiques, deux sociétés. C'est à quoi l'on s'est efforcé ici, en rassemblant nombre de documents inédits et surtout nombre de recensions de ses tragédies.