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LE RIRE DES LUMIERES
RICHARDOT ANNE
Inventeur du persiflage et du calembour, amateur passionné du bon mot ou de la satire, déclinant pour la postérité ses grâces rieuses, le XVIIIe siècle évoque un âge d'or de la gaieté. Voltaire déplore pourtant, avec d'autres, la morosité de son époque et constate qu'on ne veut plus "s'épanouir la rate". C'est, de fait, avec une grande circonspection que ce siècle de la douceur de vivre accueille le rire. Portées par des élans joyeux, les Lumières interrogent néanmoins anxieusement ce propre de l'homme, dont il n'est plus sûr qu'il convienne aux esprits éclairés. Le rire connaît alors une crise d'identité aiguë: sa définition évolue négativement tandis que ses éclats résonnent désormais fâcheusement à l'oreille. L'image du rieur se confond volontiers avec celle du petit-maître cynique, de l'aristocrate arrogant, du mauvais bouffon ou du méchant sophiste. Mais, aussi, comment renoncer à une si douce passion, à son salutaire pouvoir de démystification? Comment se priver des séductions de cette humeur? Entre les Lumières et le rire, la confrontation est intense autant que paradoxale: tantôt conflictuelle, tantôt complice, elle met au jour les enjeux fondamentaux du siècle.