LA CONVERSATION INTÉRIEURE

La Méditation en France au XVIIe siècle

BELIN CHRISTIAN


Au XVIIe siècle, théologie et littérature ont revécu l’étroite symbiose qui avait caractérisé la pensée chrétienne à l’époque des Pères, mais qui fut indéfiniment modulée au cours de l’histoire par les disciples de Benoît ou de Bernard, les spirituels rhéno-flamands, la devotio moderna, les compagnons d’Ignace ou les fils du Carmel.

À l’impermanence d’un monde sécularisé, où triomphaient la grimace et les Vanités, la piété chrétienne opposa la grâce des exercices spirituels et la profondeur de la « conversation intérieure ». L’oraison et la poésie dessinèrent l’iconostase claire-obscure du Christ en ses divers états : Sauveur éternellement naissant (Bérulle) ou souffrant (La Ceppède) ; Visage caché dans le brouillard (Hopil) ; Libérateur paradoxal, toujours à l’agonie (Pascal) ; Maître intérieur à la voix discrète (Malebranche), dont la Seigneurie providentielle ordonne toute l’histoire humaine (Bossuet). Si le christianisme se confond, pour Bérulle, avec un « art de peinture », on ne s’étonnera pas, avec Bossuet, de surprendre sans cesse « Dieu en représentation », dans les Écritures comme sur la scène du Monde, jusque dans les replis du cœur ou de la conscience, et même dans cette simple attention naturelle de l’esprit à la recherche de quelque fondement, de quelque vérité (Descartes).

Devait-on cependant faire sécession en son cloître intérieur, au huis-clos de la belle ténèbre, et se laisser ravir par Dieu vers l’envol contemplatif, ou bien discourir et fabriquer des images, avec des méthodes parfois déficientes, en espérant la sainte délectation ? On oppose trop facilement les mystiques et les anti-mystiques du siècle, sans mesurer combien la » science des saints », chère à Saint-Cyran et fondée d’abord sur les Écritures, concerne tout autant l’Oratoire et Port-Royal que les chantres de la quiétude désintéressée. L’inculturation du christianisme devint plus difficile au soir du XVIIe siècle, mais elle révèle moins le reflux des mystiques que celui du mystère.

Christian Belin est professeur à l’Université Paul-Valéry (Montpellier). Grand connaisseur des interférences entre littérature et théologie, il a déjà publié L’œuvre de Pierre Charron. 1541-1603. Littérature et théologie, de Montaigne à Port-Royal (Champion, 1995) et La méditation au XVIIe siècle. Rhétorique, art, spiritualité (Champion, 2006).




48,00 €

Fiche technique

Collection LUMIERE CLASSIQUE
Format 15,5 X 23,5 CM
No dans la collection 0042
Nombre de volume 1
Nombre de pages 424
Type de reliure BROCHÉ
Date de publication 26/09/2019
Lieu d'édition PARIS
EAN13 9782745353764
eEAN13 9782745353771