BONCOURT UN DILEMME SUISSE

À l’été 1942, la borne 239 de Boncourt ( JU), à la frontière entre la France et la Suisse, devient pour les autorités fédérales la  porte du refoulement des « indésirables », notamment des juifs  fuyant la barbarie nazie. Une poignée d’habitants de ce village,  n’écoutant que leur conscience, facilite leur passage clandestin.

À l’automne 1944, par un retournement surprenant de la  politique envers les réfugiés, la même borne frontière 239  devient la porte d’entrée de 13 500 enfants français réfugiés de  guerre, en provenance du Territoire de Belfort et du Doubs, venus chercher asile en Suisse. 

À travers la mise en miroir de ces deux faits historiques  contraires qui se sont déroulés à Boncourt, ce récit nous plonge  au coeur des dilemmes partagés autant par l’administration  bernoise, la Croix-Rouge suisse, que par de simples citoyens  durant les années noires de la Seconde Guerre mondiale. 

Après la guerre, les Boncourtois évoqués dans ce livre seront  remerciés et honorés pour leur bravoure ou leur bienveillance par la future reine des Pays-Bas et le général Guisan, par les  généraux Eisenhower, de Gaulle, de Lattre de Tassigny. En Israël,  dans l’allée des Justes, un arbre sera planté par des réfugiés juifs d’Amsterdam en l’honneur d’une famille de Boncourt. 

« Chacun de nous peut se trouver un jour dans la peau d’un réfugié », écrit Philippe Turrel en ouverture de son ouvrage.  Le retour de la guerre sur le continent européen en 2022 donne à cette phrase une acuité tout à fait saisissante, et nous rappelle  combien la frontière entre l’état de normalité et celui de  vulnérabilité est ténue…

Markus Mader, directeur de la Croix-Rouge suisse

Philippe Turrel
Biographe, auteur

Depuis 2003, il a publié un fonds important sur des familles et  industriels francosuisses. Il a participé à plusieurs ouvrages et  catalogues avec la Fondation Pierre Gianadda sur le mécénat. 

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