LA FEE ET LE CHEVALIER. ESSAI DE MYTHANALYSE DE QUELQUES LAIS DES XIIE ET XIIIE SIECLES.

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Le monde arthurien, avec ses légendes et ses mythes, exerce encore sur nous, par-delà les siècles, une étrange et durable fascination dont témoignent les récents succès à l'écran de Lancelot du Lac de Bresson, de Perceval le Gallois de Röhmer, d'Excalibur de Boorman, auxquels on pourrait ajouter une véritable floraison de films comme Conan le Barbare et bien d'autres. Et il suffit de feuilleter le Légendaire des Provinces françaises ou les Contes populaires de toute la France pour y découvrir maints contes et maintes légendes, relevés en différents lieux et à différentes époques, qui ne sont que la transposition, à peine actualisée, de récits que présentent déjà les Lais merveilleux des XII^e et XIII^e siècles, dont les transcripteurs eux-mêmes ne revendiquent que la gloire de s'être fait l'écho de légendes plus anciennes encore, celtiques le plus souvent, véhiculées par la voie orale. Une telle fascination pour la matière même de ces récits et une telle pérennité dans l'utilisation de structures, de situations, de motifs, de personnages qui réalisent l'osmose du merveilleux féerique et du réel quotidien, posent une énigme et incitent à s'interroger sur le sens profond de ces textes et sur leur fonction.

C'est ce que tente de faire le présent essai qui, suivant les conseils de Marie de France qui demande à son lecteur de gloser la lettre et de son sen le surplus mettre, propose une lecture cursive des textes fortement inspirée de l'analyse jungienne, lecture au terme de laquelle on arrive à la conclusion que l'attrait de ces récits merveilleux vient de ce que non seulement ils tentent de réhabiliter le principe féminin (tentative qui est commune à notre actuelle civilisation et à celle de la fin du XII^e siècle), mais qu'ils réactivent aussi le besoin de participation mystique à la vie du cosmos, qui atténue l'angoisse existentielle, et que, surtout, ils proposent intuitivement et figurativement, des modèles de comportements initiatiques qui ouvrent la voie de l'équilibre psychique et de la plénitude, la voie de l'individuation.

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