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PROUST ET BARBEY D'AUREVILLY
Le dessous des cartes. Préface de Philippe Berthier
ROGERS BRIAN G
"Ces phrases types […], les mêmes dans la sonate, dans le septuor, dans les autres œuvres, ce serait par exemple, si vous voulez, chez Barbey d'Aurevilly une réalité cachée révélée par une trace matérielle […]." L'auteur d'Une vieille maîtresse, de L'Ensorcelée, du Chevalier Des Touches et des Diaboliques est l'équivalent, avec Dostoïevski et Hardy, des grands artistes d'A la Recherche du temps perdu. La qualité unique de son univers est réfractée dans le roman proustien depuis les premières ébauches: paysages saturés d'émotion, vieilles races symbolisant l'Histoire, villes et édifices faisant apparaître la quatrième dimension du Temps, une Normandie secrète cachant des drames étouffés. C'est chez Barbey d'Aurevilly que Proust a trouvé la preuve que le romancier peut dessiner le corps des personnages sans tomber dans le piège de la physiognomonie balzacienne. Pendant la guerre, il a emprunté à l'auteur du Dessous de cartes d'une partie de whist l'optique et les procédés qui confèrent à l'histoire d'Albertine la dimension d'un enfer vu par un soupirail, ainsi que la symbolique qui prête à l'évocation de l'homosexualité la couleur du Péché et du Mal. Mais le rire de Barbey se fait entendre dans les épisodes comiques d'A l'ombre des jeunes filles en fleurs et Sodome et Gomorrhe, où les nobles Cambremer reproduisent les traits caricaturaux, dans Le Chevalier Des Touches, des témoins de l'Histoire.